PROJETS SCOLAIRES
Voir le site web du projet "Melle Camille" de RaabeArt
Camille et Eugénia
Entretien avec Eugenia Benelli, initiatrice, avec Monica Giovinazzi, du projet « Mlle Camille » de RaabeArt. Retour sur ses expériences et ses rencontres, toujours vécues pleinement.
Architecte d'intérieur, Eugenia présente « Melle Camille », projet phare de RaabeArt, jeune association culturelle multi-arts de Rome. Après quasiment deux années de réflexion, elle paraît aujourd'hui satisfaite du développement du projet. Intitulé « visualisation sonore », il tend vers l'union de ses deux passions : le graphisme, le design et l'architecture d'une part, la musique, les sons, la voix d'autre part. Autour des sculptures de Camille Claudel, une performance pensée méticuleusement.
Etudiante à l'Université de Rome, Eugenia obtient une bourse d'étude pour partir dans une des écoles qui la fascine le plus, « Architectural Association » à Londres. Ravie de vivre cette nouvelle aventure, elle suit le programme « Emergent Technologies & Design » du professeur Michael Hensel, dont elle boit avec bonheur les paroles. Une rencontre fondamentale. Elle ne rentrera pas la même de son voyage. Elle découvre la théorie du « mapping » dont elle parle encore comme d'une « révélation ». Le mapping (ou mappage) s'impose à elle comme méthode indispensable, permettant de distinguer les solutions les plus riches et d'organiser les espaces, par la modélisation physique et numérique. « Cette rencontre avec le professeur change radicalement ma façon de concevoir un projet » affirme-t-elle. « La technique du mapping peut s'appliquer à tant de choses ! C'est ce qui m'enthousiasme, pouvoir lier des domaines complètement différents ! »
Egalement passionnée par les sons depuis le plus jeune âge, Eugenia ne conçoit pas sa vie sans musique. En créant RaabeArt, « laboratoire interdisciplinaire », elle assouvit ce besoin latent, cette envie de tenter de nouvelles expériences en combinant différentes aspirations. C'est de ses deux tendances fondamentales, le visuel et le sonore, que naît naturellement l'idée d'une « visualisation sonore ».
Alors qu'elle participe à un laboratoire sur les performances vocales, Monica Giovinazzi lui propose un travail sur Camille Claudel dont elle admire les sculptures. La Valse , de par la force qu'elle transmet, s'impose comme l'œuvre source d'inspiration première.
Le projet de Camille se construit dans une démarche scientifique. Eugénia observe la sculpture de La Valse sous tous ses angles. A partir de photos prises de points de vue différents, elle étudie les ombres, les lumières, les masses, les formes, les rapports entre les corps… différents paramètres qui lui permettent de cerner au mieux le travail de l'artiste. C'est ce qu'elle aime : étudier et être surprise des résultats de ses analyses. De ce travail rigoureux, elle retient les aspects les plus significatifs. Les vecteurs-clés de La Valse deviennent l'espace en mouvement de la performance, dans lequel le public pénètre peu à peu. L'entrée dans la matière proprement dite est voulue, Eugenia tient à ce que le spectateur ressente les énergies qui se dégagent des œuvres de Camille. Elle ne se prétend pas spécialiste de l'art. Tel un artisan, elle cherche à traduire des forces et des émotions dans un langage qui est le sien, afin de les partager davantage et plus précisément. Elle espère désormais pouvoir proposer la création originale aux publics les plus variés dont les réactions et les interactions permettront de faire encore évoluer le projet.
Caroline Laïdi
Eugénia Benelli